L'Océanie

Le Pacifique c'est tout d'abord huit années passées en Polynésie française.

Sur les cinq archipels, nous en avons exploré quatre ce qui représente une vingtaine d'îles ou atolls différents 

De là nous sommes allés cinq fois en nouvellle Calédonie, quatre fois en Nouvelle Zélande, quatre fois en Australie, une fois sur l'île de Paques et une fois à Hawaï.

 

Sans compter bien sûr nos escapades en Amérique du Nord ou du Sud !

Une histoire incroyable !

Pour Loana…

C’était je crois en 2007 vers la fin de l’année scolaire. En poste à Tahiti pour un deuxième contrat de quatre ans j’avais décidé d’aider mes élèves de terminale à trouver un boulot sympa. Pour cela, j’avais préparé quatre petites vidéos mettant en scène un jeune demandeur d’emploi face à un recruteur.

L’écran de 17 pouces de mon ordinateur perso étant suffisant pour visionner ces entrevues, j’ai réuni mon groupe de 8 ou 9 élèves et commencé avec eux le travail d’analyse. Bien évidemment j’ai arrêté la lecture entre chacune des scénettes afin d’en décrypter les infos. Peu habitué à utiliser mon portable de cette manière, j‘ai oublié de couper l’écran de veille. Ce qui devait arriver… arriva : mes photos personnelles ont commencé à défiler derrière moi (j’étais face aux élèves). A cette époque je devais avoir dépassé les 15000 images et les élèves ont dû avoir le temps d’en voir trois ou quatre avant que je m’aperçoive de mon erreur.

Pourtant même avec ce rapport de 4 pour 15000, une de mes élèves s’est écrié : « hey ! C’est moi sur la photo ! »

Sachant que les photos de groupe de mes élèves sont rangées dans un autre dossier que mes clichés perso, je lui ai dit que c’était impossible. Pourtant Loana était sûre d’elle et son insistance m’a intrigué d’autant plus que ce n’était pas le style d’élève à fabuler. J’ai dû attendre que l’écran de veille revienne pour remonter en arrière avec les flèches du clavier. Et là… la photo ci-dessus est apparue !

La petite fille qui me côtoie montre le seul et unique napoléon que j’ai fléché de ma vie. Depuis mes premiers coups de palmes en Polynésie j’avais décidé d’épargner ce beau poisson qui a souvent la chair empoisonnée. Et puis c’est tellement beau à voir lorsqu’il est devenu un patriarche et qu’il pèse plus de cinquante kilos… Bref si cette petite effrontée ne m’avait pas provoqué en me disant que si je ne lui attrapais pas son poisson préféré c’est que je n’en étais pas capable… je n’aurais jamais tiré cette proie et je n’aurais jamais fait cette photo !

Loana est restée deux années scolaires face à moi et devait avoir l’âge de 17 ans à ce moment-là. La jeune fille n’avait plus rien à voir avec l’enfant que j’ai rencontré sur une île perdue à des heures d’avion de Tahiti mais la frimousse de la petite polynésienne était bien celle de mon élève !

Combien de chance pour que je fasse cette photo, combien de chance pour qu’elle apparaisse ce jour-là et combien de chance pour que ce soit juste face à cette élève… c’est incroyable !

Et puis ce qui est encore plus génial c’est que la petite sauvageonne qui tient mon poisson a inspiré un des personnages de mon dernier livre. A la page 30 du roman « Entre la Murène et le Jaguar », il est question de deux gosses qui partent tôt le matin pour aller sur le récif : c’est le souvenir de Loana qui venait emmener ma fille aux premières lueurs du jour. Comme le personnage j’ai dû me faire violence pour comprendre qu’il n’y avait pas (ou pas trop…) de danger à laisser les deux gamines attraper de quoi se faire un petit déjeuner polynésien.  

Whaou ! Les hasards de la vie… c’est comme cela que je les aime !

 

J’ai toujours une pensée émue vers la Polynésie et ce n’est pas pour ses paysages somptueux mais à coup sûr pour tous ces gens du Fenua qui m’ont fait connaître une forme de gentillesse et de partage qui a tendance à disparaître partout ailleurs. Je suis fier et humble à la fois d’avoir eu la chance de côtoyer ces tahitiens, paumotus ou marquisiens qui m’ont montré leur riche façon de vivre.